Biriatou, petite commune au destin singulier

Au pied du Xoldokogaina, le village de Biriatou - Biriatu en basque occupe une position stratégique sur la rive droite de la Bidassoa, fleuve marquant la frontière entre la France et l’Espagne. 

La Bidassoa et le village de Biriatou en 1912
L’origine du toponyme reste incertaine : aucune étymologie basque ne semble l'expliquer, mais il pourrait dériver du nom latin Viriatus, cité en 1552. Ancien quartier d'Urrugne, Biriatou devient une commune indépendante en 1603.

L’église Saint-Martin, construite au XVIᵉ siècle en pierre de grès rose, domine le centre du village. Elle fut réquisitionnée comme écurie pendant la Révolution française. 

Biriatou l'église Saint-Martin de Tours au début du XXe siècle

Biriatou l'église Saint-Martin de Tours au début du XXe siècle

La situation frontalière de Biriatou exposa régulièrement le village aux affrontements : les campagnes du Prince Noir au XIVᵉ siècle, celles de Louis XI au XVᵉ, puis de François Ier au XVIᵉ siècle y laissèrent leurs traces. Lors de la guerre de Trente Ans, en 1636, les troupes espagnoles prirent position sur la rive droite de la Bidassoa.

La Bidassoa et le village de Biriatou en 1910

Au cours de la Révolution française, en 1793, les armées républicaines livrèrent bataille dans la région. En 1813, durant les campagnes napoléoniennes, de nouveaux combats eurent lieu autour de Biriatou. Plus récemment, pendant la Seconde Guerre mondiale, les rives de la Bidassoa constituèrent un passage important pour les membres du réseau d’évasion Comète.

Stèles du réseau Comète au bord de la Bidassoa

Dans la nuit du 23 au 24 décembre 1943, sept évadés (quatre aviateurs et trois civils), guidés par Jean-François Nothomb et deux passeurs, tentèrent de traverser la Bidassoa en crue. Deux d’entre eux, le comte Antoine d’Ursel, ancien chef de Comète en Belgique, et le sous-lieutenant James F. Burch, co-pilote américain du B-17F "Michigan Air Force", furent emportés par les eaux et périrent noyés.

Parti de Belgique, Burch avait traversé la France avec l’aide du réseau Comète pour rejoindre l’Angleterre via Gibraltar. Les Allemands exposèrent les corps sous le porche de l’église Saint-Martin pour intimider la population, qui, en hommage, les recouvrit de fleurs. Les corps furent alors retirés par les Allemands et disparurent définitivement.

Antoine d’Ursel et James Burch furent les seuls évadés pris en charge par Comète Sud à perdre la vie.

Au début du XVIIᵉ siècle, on n'y comptait que sept maisons, sans tenir compte des métairies environnantes.

Au tournant du XXᵉ siècle, en 1901, la commune recensait 540 âmes. Plus d'un siècle plus tard, en 2021, Biriatou comptait 1 217 habitants, les Biriatuar.
Si de nombreuses fermes furent édifiées sur les hauteurs, certaines s'établirent sur les bords du fleuve, profitant des terres fertiles pour développer le maraîchage.
Le village de Biriatou au début des années 1920
Les différends frontaliers avec l'Espagne furent fréquents, notamment autour des droits de pêche. La frontière fut définitivement fixée après les négociations menées par Mazarin et confirmée au XIXᵉ siècle sous Napoléon III.
La Bidassoa au début des années 1920








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