La loi du 11 juin 1842 déclare d’utilité publique la construction d’une ligne ferroviaire reliant Paris à la frontière espagnole, en passant par Tours, Poitiers, Angoulême, Bordeaux et Bayonne.
Si le tronçon Paris-Bordeaux est rapidement jugé essentiel, son prolongement vers l’Espagne prend une importance croissante, d’autant que le gouvernement espagnol a engagé la construction d’une ligne reliant Madrid au Pays basque.
Quatre itinéraires sont envisagés : deux longeant la vallée de la Garonne jusqu’à Langon avant de bifurquer vers le sud par Bazas ou Villandraut, puis Mont-de-Marsan, Dax et Bayonne ; et deux traversant les Landes, l’un par l’ouest via Lamothe et Labouheyre, l’autre par l’est en passant par Sabres. Le tracé par Lamothe est finalement retenu, car il dessert mieux le centre des Landes et permet de réutiliser en partie la ligne existante entre Bordeaux et La Teste jusqu’à Labouheyre. De plus, son profil est jugé plus favorable, évitant la plupart des obstacles naturels.
La concession de la ligne Bordeaux-Bayonne est attribuée à Ernest André et compagnie par décret du 24 août 1852, donnant naissance à la Compagnie des chemins de fer du Midi et du Canal latéral à la Garonne. Confrontée à de graves difficultés financières, cette dernière reprend, le 1er septembre 1853, la Compagnie du chemin de fer de Bordeaux à La Teste.
Le tronçon Bordeaux-Lamothe de l’ancienne ligne de La Teste est intégré à la nouvelle ligne vers Bayonne, nécessitant une remise à niveau et des raccordements à Bordeaux entre les gares existantes. Les travaux débutent rapidement et se déroulent sans difficulté majeure, hormis des problèmes d’approvisionnement en matériaux entre Dax et Bayonne. La mise en service s’effectue en deux étapes : en septembre 1854, le premier tronçon de 105 kilomètres entre Lamothe et Dax est ouvert à la circulation, bien que certaines gares ne soient pas achevées. L’inauguration officielle a lieu le 12 novembre 1854. La seconde section, longue de 50 kilomètres, permet d’atteindre Bayonne dès le 25 mars 1855.
![]() |
La gare de Bayonne au début du XXe siècle |
![]() |
La gare de Bayonne au début du XXe siècle |
Toutefois, un dernier tronçon d’environ 40 kilomètres reste à construire pour atteindre la frontière espagnole, comme prévu par la loi de 1842. La Compagnie du Midi hésite à l’entreprendre, craignant une rentabilité insuffisante en raison de la faible densité de population dans la région. De plus, le point exact de raccordement avec l’Espagne doit encore être déterminé. Finalement, sous l’impulsion de Napoléon III, qui apprécie Biarritz, et en accord avec l’Espagne, un tracé côtier est privilégié.
Le 28 décembre 1858, une convention entre le ministère de l’Agriculture, du Commerce et des Travaux publics et la Compagnie des chemins de fer du Midi accorde la concession de la section Bayonne-frontière espagnole. Cette convention est validée par décret impérial le 11 juin 1859. Menacée par la concurrence du Grand Central du duc de Morny, la Compagnie du Midi accélère alors le projet.
Bayonne est située sur plusieurs axes ferroviaires. Convergent ainsi vers la ville les lignes d'Hendaye, de Bordeaux et de Toulouse. Les convois doivent donc, en fonction de leur itinéraire, traverser l'Adour ou la Nive.
![]() |
Bayonne le Pont de Fer au début du XXe siècle |
![]() |
Bayonne le Pont de Fer au début du XXe siècle |
![]() |
Bayonne le pont sur la Nive vers 1920 |
Le tracé exige de nombreux terrassements et ouvrages d’art. Finalement, la ligne Bayonne-Irun est inaugurée le 21 avril 1864.
![]() |
Hendaye au début des années 1920 |
Pour assurer la correspondance avec la ligne espagnole récemment achevée, deux voies distinctes sont mises en place entre Hendaye et Irun : l’une à écartement standard pour les trains français terminant leur parcours à Irun, et l’autre à écartement large pour les trains espagnols arrivant à Hendaye. Chaque train repart ensuite à vide vers son pays d’origine. Désormais, Paris et Madrid, distantes de 1 450 kilomètres, sont directement reliées par le chemin de fer.
![]() |
La gare d'Hendaye au début du XXe siècle |
![]() |
La gare d'Hendaye au début du XXe siècle |
Commentaires
Enregistrer un commentaire