En 1924, la mairie de Biarritz déménage à Javalquinto. Peu après, l’illustre couturier Jean Patou acquiert l'ancien bâtiment municipal pour y ériger un édifice à son image.
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Biarritz la mairie au début du XXe siècle |
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La maison de couture Jean Patou en 1925 |
Malgré les privations de la Grande Guerre, les Années folles redonnent vie à la mode. Biarritz devient le théâtre d’une effervescence mondaine : soirées, bals et cocktails s’enchaînent dans les casinos et hôtels de luxe. Hélène, surnommée « Madame S.O.S Couture », se distingue par son habileté à réparer discrètement les robes abîmées en pleine fête. Ce talent la fait rapidement connaître, et son carnet de commandes se remplit.
Alors que Chanel et Patou dominent la place Clemenceau avec leurs créations sophistiquées, Hélène s’installe rue du Centre. Travaillant sans relâche du printemps à l’automne, elle se forge une solide réputation, non seulement pour ses retouches mais aussi pour son talent à associer tenues et accessoires.
En 1937, lorsque l’immeuble de Jean Patou est mis en vente, Hélène le rachète sans hésiter. Elle y établit sa maison de couture, au n°1 de la place Clemenceau, abritant une soixantaine d’ouvrières, des vendeuses, et des mannequins. Les salons élégants se trouvent au premier étage, tandis que les ateliers occupent le second.
Les grandes figures de l’époque – la Reine d’Espagne, la Duchesse de Windsor, Madame Ford et Madame Rothschild – comptent parmi ses clientes. Hélène rejoint ainsi le cercle prestigieux des couturiers légendaires comme Dior, Chanel et Vionnet, et devient leur amie.
La Seconde Guerre mondiale interrompt brièvement l’activité de sa maison. Mais dès la Libération, Hélène relance son entreprise avec succès. Biarritz reste une destination prisée de la jet-set. Cependant, les goûts évoluent : les femmes recherchent désormais des tenues pratiques et confortables, enrichies d’accessoires. Hélène s’adapte et continue d’innover.
Dans les années 60, le prêt-à-porter bouleverse l’univers de la mode. Biarritz perd peu à peu son éclat auprès des aristocrates, mais Hélène résiste. Inspirée par les stars de cinéma, le rock’n’roll et la culture hippie, elle suit les tendances : bikinis, imprimés floraux et influences tahitiennes envahissent les plages de la Côte des Basques, donnant à Biarritz des airs de Californie.
En 1973, Hélène décide de mettre fin à sa carrière. Elle laisse derrière elle la maison de couture la plus durable de Biarritz, qui employait encore 25 ouvrières. En hommage à sa contribution à l’essor de la ville, elle reçoit la médaille de la Ville.
Hélène Lascourret s’éteint à l’âge de 93 ans, toujours empreinte du chic et du glamour qui ont marqué sa vie. Son héritage continue d’inspirer les créateurs d’aujourd’hui.
Bibliographie : Biarritz & la mode de Nathalie Beau de Loménie
Biarritz en 2024 |
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