L'ouverture de la ligne ferroviaire Bayonne - Saint-jean-Pied-de-Port

 En août 1878, le conseil général du département reçoit une proposition du gouvernement concernant deux projets de lignes de chemin de fer, dont l’une prévoit de relier « Bayonne à Saint-Jean-Pied-de-Port ». La commission chargée d’étudier ce projet s’accorde unanimement sur son importance pour les populations concernées, notamment en raison de la desserte d’un chef-lieu de canton. Toutefois, le préfet soumet un rapport additionnel demandant d’intégrer un embranchement reliant Ossès aux Aldudes. Cet ajout se justifie par deux raisons majeures : il permettrait de développer l’exploitation et la valorisation des ressources minières et forestières de la vallée de Baïgorry, tout en posant les bases d’une future ligne internationale en direction de Pampelune, en Espagne.

La gare d'Ustaritz au début du XXe siècle
Cette ligne, ainsi que son embranchement, est incluse dans le plan Freycinet et a été classée, par la loi du 17 juillet 1879, en dernière position (n° 181) des lignes du réseau des chemins de fer d'intérêt général. Elle y figure sous l'intitulé : « Bayonne à Saint-Jean-Pied-de-Port, avec embranchement d'Ossès à Saint-Étienne-de-Baïgorry ».

En août 1879, le rapport du préfet informe les conseillers des résultats des premières études concernant la future ligne de chemin de fer. Longue de 57 km, cette ligne se détache de la grande ligne vers l'Espagne, à destination d'Irun, pour remonter la vallée de la Nive jusqu'à Ossès, où elle bifurque en direction de Saint-Étienne-de-Baïgorry et de Saint-Jean-Pied-de-Port. Les ingénieurs doivent présenter, au cours de l'année, l'avant-projet de la section reliant Bayonne à Ossès.

Le tracé de l'avant-projet est détaillé : la ligne s'embranche sur la voie existante entre Bayonne et Irun, à l’endroit où celle-ci quitte la vallée de la Nive. Elle suit ensuite cette vallée en passant par ou à proximité d’Ustaritz, Cambo, et Bidarray, pour atteindre Ossès. À partir d'Ossès, la ligne se divise en deux branches : l'une se dirige vers Saint-Jean-Pied-de-Port en suivant la vallée de la Nive de Béhérobie, tandis que l'autre aboutit à Saint-Étienne-de-Baïgorry.

La gare de Saint-Étienne-de-Baigorry au début du XXe siècle
La longueur totale de la ligne, incluant l’embranchement, est estimée à 56,389 mètres. Le coût prévisionnel s’élève à 16 963 903 francs, répartis comme suit : 12 214 250 francs pour l’infrastructure, 3 621 913 francs pour la superstructure, et 1 127 749 francs pour le matériel roulant.

La ligne est attribuée à la Compagnie du Midi par une convention signée le 9 juin 1883 entre le ministre des Travaux publics et la compagnie. Cette convention est entérinée par la loi du 20 novembre 1883.

Cambo-les-Bains au début du XXe siècle

Cambo-les-Bains au début du XXe siècle
La mise en service de la ligne s’effectue par étapes :

  • De Bayonne (bifurcation de Mousserolles) à Cambo-les-Bains : 19 janvier 1891.
  • De Cambo-les-Bains à Ossès : 20 août 1892.
  • D’Ossès à Saint-Jean-Pied-de-Port : 11 décembre 1898.
La gare de Saint-Jean-Pied-de-Port au début du XXe siècle
Par ailleurs, le 26 juin 1898, le court embranchement reliant Ossès à Saint-Étienne-de-Baïgorry est également mis en service.

Dès l'ouverture complète de la ligne, les trains mixtes à traction vapeur, combinant voyageurs et marchandises, rencontrent un accueil favorable auprès des usagers. Bien qu'ils nécessitent entre 1 h 45 et 2 h pour parcourir l'intégralité de la ligne, leur utilité est largement reconnue. En 1900, le bilan du transport s’élève à 280 000 voyageurs et 50 000 tonnes de marchandises.

Le passage du train au Pas de Roland au début du XXe siècle


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