Biarritz, la villa Belza d'hier à aujourd'hui

En 1825, le cultivateur Dominique Daguerre obtient par un échange avec la commune un champ curieusement implanté sur les rochers. Son fils Étienne vend ce terrain appelé champ du rossignol ou cassaou de Trespots au notaire Alexandre Dihinx. Après sa mort, deux autres propriétaires se succèdent. Un sentier permet de faire le tour du terrain. C'est un lieu de promenade pour les Biarrots. En 1882, le terrain est vendu à Ange Dufresnay, directeur général de la compagnie d'assurances le Phénix à Paris.

 La construction d'une maison est confiée à l'architecte Alphonse Bertrand secondé par l'entrepreneur A. Joly.


La villa Belza en 1888 sans le donjon
Elle suit un plan rectangulaire agrémenté par un donjon néo-moyenâgeux et une tourelle en poivrière construits par Dominique Morin en 1889.
La situation insolite de la villa sur les rochers, ont alimenté des légendes de sorcellerie ou de revenants.

En 1923, la propriétaire Mme Dufresnay loue la maison à Grégoire Beliankine, beau-frère d'Igor Stravinsky. Il reconvertit la villa en restaurant russe, il l’appelle le Château basque. Des dîners de gala somptueux s'y déroulent. Il y a la fête russe, la fête japonaise, la fête de Neptune, la fête de Bacchus... Pour les nuits d'Afrique, le jardin devient forêt vierge. Rien n'y manque, ni les lianes, ni les animaux exotiques, depuis le gorille jusqu'au boa enroulé autour d'un...tamaris. En 1926, les chœurs cosaques font entendre tous les soirs les airs populaires russes, après quoi, sans transition, on danse le charleston avec frénésie. Le Prince de Galles, futur Édouard VIII, était un adepte convaincu de ses soirées. Les grands-ducs russes se croyaient revenus au pays et s'en donnaient à cœur joie.
En 1927, entièrement rénové, le cabaret reçoit ses clients dans une salle transformée en auberge campagnarde du XVIIe siècle, à l'époque des mousquetaires, avec du mobilier Louis XIII et des murs tapissés de tentures rouges. Le krach boursier de 1929 marque le début du déclin. En 1940, pendant l'occupation, la villa est réquisitionnée et un blockhaus est construit pour défendre le port-Vieux.
Après la guerre, Madame Pouyet, née Lacrouts, de retour d’Amérique, achète la villa.

Elle la fait restaurer et la divise en sept appartements. Des discordes éclatent entre les différents occupants et la villa subit un premier incendie. Elle est rachetée et restaurée, mais le 8 juin 1974, un second incendie ravage la maison détruisant les deuxième et troisième étages. S'ensuivent des procès, des lenteurs administratives ; la maison reste ouverte à tous les vents, et elle est squattée.
Dans les années 1990 un jeune marchand de biens parisien, Jean-Marc Galabert, réussit à acheter tous les lots et se lance dans un projet de réhabilitation. Il garde les murs et aménage dix somptueux appartements en copropriété. Ces derniers battent en 1993 le record du prix de vente, avec une valeur avoisinant 8 000 euros au mètre carré.


La municipalité décide en 1997 de protéger 832 monuments de la ville, parmi lesquels se trouve la villa Belza.


Jean-Philippe Ségot (1996), Guide historique de Biarritz. Monuments et villas à travers 9 balades dans la ville.
Collection Archives d’Architecture de la côte basque (1998), Balades Architecturales, Biarritz.
Monique et Julie Beaufils (2002), Mémoire en images, Biarritz, Tome IIMonique Rousseau (2002), Biarritz Promenades.


Commentaires

  1. Magnifique investigación de cette ville autant énigmatique.

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