Gens d'ici : Maurice Ravel

Maurice Joseph Ravel est né le 7 mars 1875 à Ciboure, dans les Basses Pyrénées. Son père, Joseph Ravel, est un ingénieur mécanicien d'origine suisse et savoyarde, musicien à ses heures, et qui découvre rapidement les dons artistiques de son fils.  Sa mère, Marie Delouart-Ravel (1840–1917), femme au foyer, était d'origine basque, descendante d’une vieille famille (Deluarte).
 
La Maison Ravel à Ciboure


Très tôt, la famille déménage à Paris, où l'enfant est initié à la musique par les plus grands professeurs (Henry Ghys, Charles René et Emile Decombes), avant d'intégrer le conservatoire de la capitale en 1889. 

Alors âgé de quatorze ans, il y reçoit des cours de piano par Charles de Bériot, d'harmonie par Emile Pessard, d'orchestration et de contrepoint par André Gédalge, et enfin de composition par le grand Gabriel Fauré. C'est à cette époque qu'il rencontre le jeune pianiste espagnol Ricardo Vines, qui restera son ami jusqu'à la fin de ses jours. Il se passionne alors plus particulièrement pour les compositions de Wagner, Chabrier et Satie, ainsi que la littérature de Mallarmé, Baudelaire et Poe. En 1901, sa cantate Myrrha est récompensée par le second prix au Concours de Rome en composition, mais sa musique trop moderne et révolutionnaire l'empêche d'obtenir le premier titre, qu'il s'obstine à obtenir en vain pendant quatre ans.




Cependant, ses premières œuvres se font remarquer, et rapidement, Ravel est connu dans le monde entier. Il compose par exemple en 1895 le Menuet antique et Habanera, suivis en 1901 par Jeux d'eau, ainsi que leQuatuor en fa et Shérazade en 1903. Mais c'est de 1905 à 1913 qu'est concentrée la majorité de ses compositions, parmi lesquelles figurent les deux ballets Daphnis et Chloé et Ma mère l'Oye. Ravel travaille en effet beaucoup sur la danse depuis l'arrivée en France des ballets russes au début du siècle. En 1910, le compositeur participe à la création de la Société musicale indépendante (SMI) avec d'autres anciens élèves de Fauré, afin de se dresser contre la Société nationale de musique, qu'ils jugent trop conservatrice. 

En 1913, il compose également Trois poèmes de Stéphane Mallarmé, influencés par le travail de Stravinsky, que Ravel rencontre en 1909. Ils sont suivis l'année suivante par deux grandes pièces, le Trio en la mineur pour piano, violon et violoncelle, ainsi que le Tombeau de Couperin. Bientôt, la guerre éclate, et Ravel, qui tient à défendre la nation, s'engage en tant que transporteur, avant d'être rapatrié en 1916 à Paris à cause d'une dysenterie qui l'affaiblit quelques temps.




Le musicien traverse donc une période peu fertile en matière de composition, d'autant plus qu'il vient de perdre sa mère. Il se remet au travail en 1919 avec "La valse", qu'il n'achève qu'en 1928.


Au moment où disparaît Debussy, un grand maître de la composition en terme d'innovations, Ravel est devenu le nouveau modèle de la musique en France. Il parcours alors l'Europe et les Etats-Unis pour se produire en concert, et il offre à partir de ce moment-là une œuvre au langage harmonique plus souple, ce qui en fait toute son originalité. La Sonate pour violon et violoncelle de 1922 témoigne parfaitement de ce changement, et tout l'art lyrique du compositeur se dégage de L'Enfant et les sortilèges et des Concertos pour piano et orchestre, datant respectivement de 1925 et 1931. Tandis qu'en 1920, il refuse de recevoir la Légion d'honneur, il se voit décerner huit ans plus tard un doctorat honorifique de l'université d'Oxford, ce qui confirme son succès à l'étranger. Cette même année 1928, il compose le célèbre Boléro, un morceau commandé par la danseuse Ida Rubinstein pour l'opéra de Paris. Il s'agit encore aujourd'hui de la composition musicale française la plus jouée dans le monde.




Puis, Ravel se lance dans la composition simultanée de deux concertos pour piano, qui seront les pièces les plus importantes de la fin de sa vie. Il s'agit du Concerto en sol majeur (1932) et duConcerto en ré majeur pour la main gauche (1930), ce dernier ayant été réalisé à la demande du pianiste Paul Wittgenstein, qui a perdu son bras droit lors de la Grande Guerre.



 

A partir de 1932, une maladie rare le ronge : la maladie de Pick. Cette affection cérébrale qui lui apporte des états d'excitation psychique s'aggrave après un accident en taxi survenu peu de temps après, et qui lui donne de nouvelles lésions cérébrales. Ravel se fait donc opérer dans une clinique parisienne en 1937. Malheureusement, il tombe onze jours dans le coma à la suite de l'intervention, avant de décéder le 28 décembre 1937. Le 30 décembre, son corps est conduit au cimetière de Levallois, devant de nombreux musiciens parmi lesquels figurent Ricardo Vines, Igor StravinskyDarius MilhaudFrancis Poulenc, Manuel Rosenthal et Robert Casadesus. Jean Zay, alors ministre de l'Education Nationale, lui rend alors un dernier hommage au nom du gouvernement.

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